Inspiration et thématique:
Don Quichot, l’homme qui se catapulte aveuglement dans la chevalerie et Oblomov, l’homme qui rêve de pouvoir se donner un jour complètement à quelque chose mais ne parvient pas à sortir de son lit, sont à l’opposé l’un de l’autre et constituent les sources d’inspiration. L’un rêve de l’expérience, l’autre fait l’expérience du rêve.
Au fond, la représentation touche à un certain nombre de réflexions intemporelles et en même temps très actuelles sur la responsabilité, la position que prend ou ne prend pas l’acteur, le producteur de théâtre, l’artiste. Le bouffon est-il le seul à pouvoir dire la vérité ou le bouffon est-il en premier lieu un amuseur? Un artiste peut-il lancer un changement social et doit-il y consacrer son art ou un artiste doit-il ne pas se montrer aux forums politiques ?
Parfois, nous exaltons nous-mêmes la vanité, le périssable, le caractère inutilisable de notre art théâtral et le faisons-nous parce que nous en reconnaissons nous-mêmes la futilité ? Malgré la faim dans le monde, les menaces des groupes violents, la planète qui se détériore à vue d’il nous continuons à organiser un jeu que nous voulons jouer pour et avec un public. Et l’organisation et le développement de ce jeu, nous le faisons avec un terrible dévouement. Nous nous jetons aux risques et périls de tous nos membres, nous semblons ne pas avoir d’autre choix.
Comme des enfants, nous nous perdons dans une illusion qui semble enjamber le monde entier. Les joueurs de Stap ont conservé dans leur jeu une honnêteté, une naïveté, une ingénuité désarmantes. De Picasso à Stravinsky, bien d’artistes sont toute leur vie à la recherche des yeux et de l’impulsivité d’un enfant. La croyance enfantine à la vérité du jeu et la quête de l’artiste de la véracité dans son travail et sa vie. La réalité la plus vécue est celle de l’imagination.
Don Quichot est un monument, un icône, "bigger than life", et en même temps reconnaissable et vulnérable, un homme selon notre cur. La fascination de Don Quichot pour la héraldique du chevalier errant est l’objet de la risée de son environnement. Avec ses idéals de beauté il se trouve en dehors de l’esprit du temps. Et il le sait très bien. Il se rend même compte qu’il faut être un peu fou pour entamer une telle entreprise, mais mieux vaut un original excentrique qui vit selon ce qui l’exalte qu’un individu adapté sans passion, sans histoire.
Concept et processus:
L’idée de base est de doubler tous les rôles. Les joueurs de Stap vont plus pour l’image et pour le mouvement. Leur alter ego, les acteurs valides se retrouvent dans une joulé verbale. Les joueurs de Stap peuvent inspirer ainsi, par leur action, les joueurs de texte. A l’inverse, l’acteur valide peut influencer verbalement le joueur de Stap. Au sein de ce concept une liberté maximale est créée ce qui permet à l’inspiration du moment de venir à la première place.
Dans ce canevas, une représentation devrait être trouvée surtout à partir du fait de jouer ensemble. Contrairement aux productions précédentes de Stap où c’étaient surtout les metteurs en scène qui arrivaient à une représentation avec le groupe de joueurs, le point de départ ici est plutôt celui d’un collectif d’acteurs et de musiciens valides et handicapés. Pendant 5 mois, les acteurs se jettent dans un bain d’absurdisme et de slapstick sans perdre de vue cette belle ligne de désir et d’imperfection.
Nous nous trouvons donc sur scène avec 18 interprètes. Ah comme nous sommes insensés nous-mêmes. Et à la rencontre de quelle aventure allons-nous ?
chronologie
'Donkisjot' est jouée le premièr fois à février 2006.
Colofon
Les musiciens: Stoffel Verlackt Bert Huysentruyt Jonas Van den Bossche
Costumes: Inge Büscher
Decor: Michiel Van Cauwelaert
Les acteurs:
Stijn Van Opstal
Geert Van Rampelberg
Koen de Graeve
Ariane Van Vliet
Wouter Hendrickx
Guy Dirken
Ann Dockx
Seppe Fourneau
Jan Goris
Peter Janssens
Nancy Schellekens
Cathérine Springuel
Peter Van Lommel
Rik Van Raak